Le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra a assuré brillamment ce mercredi soir l’ouverture à la Basilique Saint-Remi des Flâneries Musicales de Reims. Pour refletsactuels.fr, Hélène Segré évoque cette 35è édition à la forme olympique et la tonalité so british, entre Jean-Efflam Bavouzet, pianiste star en Grande-Bretagne et les cornemuses des Ecossais. Une rencontre signée Catherine Trebla
Violoniste, Hélène Segré a ajouté d’autres cordes à sa vie professionnelle. Attachée de presse indépendante, elle a mis sa passion et ses compétences au profit de formations musicales renommées et, en 2018, des Flâneries. Elle est la déléguée artistique du festival rémois depuis novembre 2023.
Comment a débuté ce parcours plutôt atypique ?
Après être passée par le CNSM de Paris et la faculté de musicologie de la Sorbonne, j’ai été violoniste professionnelle jusqu’à 28 ans, enchaînant les Requiem et 40è symphonies de Mozart avec des orchestres variés. C’était une époque heureuse, mais j’ai ressenti le besoin d’évoluer. Le hasard d’un concours d’école d’attachée de presse m’a permis d’entrer dans une société qui distribuait des CD de labels indépendants. J’ai énormément appris sur le répertoire, les compositeurs…
Attachée de presse a été mon métier pendant près de 30 ans et je l’adore. On rencontre des artistes extraordinaires, une grande diversité d’orchestres et de festivals. On se fait des amis et, même si le mot n’est pas très beau, un carnet d’adresses.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans les Flâneries?
C’est, historiquement, l’un des grands festivals français, et très prestigieux. Alors, lorsque le bureau des Flâneries et sa présidente Claire Taittinger m’ont demandé si j’aimerais programmer 2024, j’ai accepté avec enthousiasme. C’est une histoire d’affinité et on rêve de programmer des artistes et des répertoires qu’on aime.
Vous voilà la première femme déléguée artistique…
C’est vrai. Ceci dit, on renoue avec l’origine des Flâneries, créées en 1990 par Gabrielle Nguyen, adjointe à la culture du maire de Reims Jean Falala.
Quel constat dressez-vous après ces dernières années un peu compliquées?
Il y a eu le covid, une transition compliquée, le nombre de concerts s’est réduit mais ils sont restés vraiment qualitatifs. Ce festival est exigeant, certains arts supportent mal la médiocrité. Bien sûr, un soir un artiste peut ne pas être en forme, comme tout le monde, et d’autres jours tout est merveilleux. Un concert est un échange.
Cette 35è édition est différente. En quoi dénote-t-elle?
2024 est une année spéciale car, avec les Jeux olympiques, les dates sont resserrées. Le festival se déroulera du 12 juin au 6 juillet, avec le concert pique-nique directement organisé le 6 juillet, au lendemain du concert de clôture. La thématique est aussi un clin d’œil musical à ces JO et à Reims qui accueille une délégation d’athlètes d’outre-Manche. Notre fil rouge, ce sont des concerts en lien soit avec un compositeur britannique, soit avec un artiste anglais. On a démarré avec un concert exceptionnel du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra et Jean-Efflam Bavouzet, qui a grandi à Metz. C’est un pianiste star en Grande-Bretagne. Au programme, le Concerto en sol de Ravel et les Variations Enigma d’Edward Elgar. Après le Brexit, faire venir un orchestre anglais relève presque de l’exploit! Le concert pique-nique sera aussi époustouflant. Dans le parc, déambuleront des Ecossais en kilt avec leurs cornemuses et un groupe irlandais façon ambiance pub. L’orchestre national de Metz et le chœur Nicolas de Grigny offriront un programme original dans l’idée des Prom’s londoniens. De Rule Britannia à Downton Abbey, ce sera un top 50 des musiques anglaises les plus connues. Cette 35è édition compte 35 rendez-vous, pour des tarifs allant de zéro à 35€ seulement. J’espère que le public sera là.
Vos ambitions pour les Flâneries?
Les Flâneries sont, par définition, un festival itinérant. C’est un défi, mais c’est également ce qui fait son charme et son “plus”, il permet de découvrir la ville. Pour la fête de la musique, le 21 juin, il y aura un concert sur le rooftop du parking de la République, avec sa belle vue sur Reims. Je vais encore creuser la possibilité de découvrir d’autres lieux, y compris dans les quartiers, pour apporter des concerts partout. Non pas révolutionner le festival, mais le faire évoluer. Ce qui m’anime, c’est de partager mon amour de la musique. Le festival, c’est un subtil équilibre, la programmation 2025 se prépare déjà!
Photo: Hélène Segré @ DR
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