Opéra de Reims: la poésie pure de Carolyn Carlson

Quelle chance de recevoir l’une des plus grandes figures et initiatrices de la danse contemporaine ! Carolyn Carlson est de retour à l’Opéra de Reims les 17 et 18 octobre avec sa compagnie pour présenter The Tree (fragments of poetics on fire) qui boucle un cycle de pièces sur les quatre éléments. Un entretien exceptionnel réalisé par Catherine Landron

Ce spectacle est-il une synthèse de vos chorégraphies passées ou êtes-vous toujours dans l’exploration de votre art ?

Chaque artiste a un « focus », une idée qu’il ne cesse de suivre, d’explorer. On espère toujours créer quelque chose de nouveau à partir de cette idée. Pour moi, c’est la poésie, la philosophie, les rêves. Quel que soit le sujet de mes créations, la poésie est toujours la base de mon travail. D’ailleurs, plutôt que de parler de chorégraphie, je préfère parler de « poésie visuelle ».

The Tree (fragments of poetics on fire) : comment faut-il comprendre le titre ? 

The Tree est inspiré de Fragments d’une poétique du feu de Gaston Bachelard qui est une personne incroyable, une source importante pour moi. Le feu chez lui, c’est l’imagination, c’est ce qui crée l’énergie. La pièce est une réflexion poétique sur la nature et l’humanité dont l’arbre est le symbole. Elle a été créée au moment du Covid. Je me sens très concernée par le changement climatique qui s’aggrave aujourd’hui.

D’où vous vient cette sensibilité à la nature ?

J’ai grandi en Californie, au bord de l’océan Pacifique, et j’ai des racines finlandaises. La nature, c’est mon histoire, c’est ma vie. On apprend toujours d’elle.

Comment avez-vous construit le spectacle ?

Je ne suis pas quelqu’un qui crée seule dans son coin. J’adore travailler avec les autres. Je viens avec la poésie, le design, les images, les inspirations, mais ensuite la pièce se construit avec la scénographie, la lumière, la musique, les costumes… Et bien sûr avec les neuf danseurs de ma compagnie. On travaille beaucoup par improvisations. Ce sont pour moi des partenaires, des poètes. 

Quelle contribution apportent Rémi Nicolas et Gao Xingjian ? 

Rémi Nicolas est un poète de la lumière. Il allume l’espace avec poésie. Gao Xingjian est connu comme écrivain mais il est aussi un grand artiste visuel. Ses paysages imaginaires à l’encre de Chine qu’on projette dans la pièce sont très proches de mon travail de chorégraphe.

Que dire de l’ambiance sonore ?

Mon fils Aleksi Aubry-Carlson et René Aubry ont fait la partition originale, mais il y a aussi des musiques de l’extraordinaire chanteuse estonienne Maarja Nuut et de Karl Friedrich Abel, un compositeur allemand du XVIIIe.

Depuis sa création en 2021, comment The Tree est-il reçu par le public ? 

Cela dépend des pays. En France, il est très bien reçu. En Italie, les gens sont debout, ils pleurent, ils disent « wahou ! ». Ce que je fais, ce n’est pas du divertissement. C’est de la poésie. Il n’y a pas d’histoire, pas de message concret. C’est ouvert. Chacun est libre de voir et de penser ce qu’il veut. On me dit parfois : « je ne comprends pas tout mais merci, tu m’as donné de l’imagination, du rêve. » En tout cas, jamais personne ne m’a dit avoir détesté ! (rires).

 

Photo: © Laurent Paillier

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