Jean Taittinger est mort ce dimanche à 89 ans. Ses obsèques ont été célébrées dans l’intimité en Suisse où il résidait loin de la politique et de Reims dont il avait été le Maire de 1959 à 1977.
refletsactuels.fr/wp-content/uploads/2012/09/taittinger-jean-1968-5102-373x146.jpg 373w" sizes="(max-width: 510px) 100vw, 510px" />L’émotion suscitée dans Reims, tous bords politiques confondus, par la disparition de Jean Taittinger montre la place particulière que fut la sienne dans la principale ville de la Champagne. Adeline Hazan, qui occupe aujourd’hui le fauteuil de Jean Taittinger à la tête de la ville, a fait part de sa profonde tristesse. ” Tout dans la vie personnelle et professionnelle de Jean Taittinger nous rappelle combien il était attaché à Reims, cette ville qu’il a su développer et transformer avec un immense talent, sans jamais oublier l’intérêt général. Jean Taittinger s’inscrivait dans la tradition de ces grands « maires-bâtisseurs » qui, parce qu’ils ont une vision unique de leur territoire, en marquent durablement la vie et les évolutions. Pendant 18 ans, la Ville de Reims a connu, sous son impulsion incessante, un développement sans précédent, devenant ainsi une métropole régionale. Les Rémoises et les Rémois lui doivent de nombreuses réalisations et rénovations d’infrastructures qui font aujourd’hui partie de leur quotidien. Ils ne l’ont pas oublié. Au nom de la Ville de Reims et de l’ensemble de nos concitoyens, je veux rendre hommage à un homme qui a su mettre toute son énergie au service d’une ville et de ses habitants, cette ville qu’il aimait tant et qui gardera longtemps en mémoire le souvenir d’un de ses plus illustres représentants”.
Mario Rossi, ancien adjoint de Jean-Louis Schneiter a salué un grand serviteur de la République, un humaniste, un maire qui a marqué notre Ville. Eric Quenard, premier adjoint d’Adeline Hazan, se souvient : “Jean Taittinger, ancien Maire de Reims avait accepté par amitié pour mon père, son adversaire en 1971, de célébrer mon baptême républicain”. Arnaud Robinet, Député de la Marne: “Beaucoup d’émotion à l’annonce du décès de Jean Taittinger. Reims et notre territoire lui doivent énormément». Catherine Vautrin, Député de la Marne, demande que la traversée urbaine de Reims, l’ancienne autoroute A4, porte le nom de Jean Taittinger. Pour le monde du Champagne auquel le nom de Taittinger est indissociablement lié, Yves Bénard, ancien président de l’Union des maisons de Champagne a évoqué “un grand visionnaire dans les années 60”, pour le développement du vin de Champagne à l’exportation.
Si l’espace d’une génération s’est écoulé depuis le retrait de la vie politique rémoise de Jean Taittinger, c’est peu dire qu’il n’a cessé depuis de hanter le débat politique local. “La Belle endormie” est devenue une expression pour journaliste en mal de numéro spécial sur la Cité des Sacres en même temps qu’un concept de campagne municipale à tel point qu’on ne saurait lui attribuer une paternité. Expression exagérée, voire dépassée, elle exprime cependant la nostalgie des Rémois, qui ont connu l’époque ” Taittinger», d’une période brillante de la Cité des Sacres quand Jean Taittinger en était le premier magistrat.
De 1959 à 1977, sous l’impulsion de Jean Taittinger, la ville a connu un fort développement, notamment après l’obtention et la création de l’autoroute A4, qui allait faire de Reims un carrefour incontournable lors de la création de l’A26 entre le nord et le sud de la France. Autour de cette réalisation, Jean Taittinger a initié la conception et la mise en œuvre de toute l’irrigation des nouveaux quartiers avec les pénétrantes que sont la voie du Rouillat devenue l’avenue de Champagne, l’avenue Paul Marchandeau, l’avenue du Général de Gaulle… On lui doit aussi aussi la rénovation et développement de l’ensemble des universités de Reims (facultés de droit, lettres, sciences, médecine) ainsi que de l’installation de l’École Supérieure de Commerce de Reims dans ses locaux de Croix-Rouge, de quartiers nouveaux (Châtillons, Croix Rouge, Wilson, Saint-Remi, Orgeval, Val de Murigny, Europe) totalisant plus de 40 000 logements. Sous son mandat sont aussi construit le Centre Hospitalier Universitaire Robert Debré, la Maison de la Culture André Malraux, dont Robert Hossein sera un temps l’emblématique Directeur, la Cour d’appel de Reims, de nombreux équipements sportifs dont la piscine olympique et la patinoire de la chaussée Bocquaine. Il fait aussi acquérir l’ancien collège des Jésuites, place Museux, où Adeline Hazan a installé Sciences Po, construire le rectorat, implanter sur la BA 112 une escadre de mirages F1, construire l’aérodrome de Reims-Prunay et le Centre de Navigation Aérienne. Sa stature nationale, ses fonctions ministérielles lui permettront de convaincre de nombreuses entreprises (CCF, AGF, Kréma General Foods, Bohringer, Reims Aviation…) de venir s’implanter sur la ville.
En saluant en Jean Taittinger un visionnaire, un bâtisseur, les dirigeants locaux politiques, en place ou candidat, doivent aspirer à poursuivre l’écriture des plus belles pages de l’histoire contemporaine de Reims que Jean Taittinger avait rédigées pendant 18 ans.
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